Et si votre thyroïde impactait votre système digestif ?

Dans un article précédent, nous avons vu que le microbiote avait une influence sur les autres systèmes de votre corps. Aujourd’hui, nous allons explorer comment notre santé gastro-intestinale est à son tour influencée par les autres systèmes de notre corps, en particulier par la thyroïde. En effet, le bon fonctionnement de notre système digestif ne dépend pas seulement du microbiote, mais aussi de l’interaction avec des hormones et des signaux provenant de la thyroïde. Ces connexions montrent l’importance d’une approche holistique de la santé, où chaque système du corps joue un rôle essentiel dans le maintien de notre bien-être général.

L’impact des maladies thyroïdiennes sur le système digestif

Le système digestif est une partie complexe de la biologie humaine. Il permet au corps de décomposer les aliments et de fournir aux cellules l’énergie et les nutriments nécessaires à leur fonctionnement. Bien que ce que nous mangeons et buvons soit important pour le bon fonctionnement du système digestif, il existe aussi d’autres facteurs qui influencent son fonctionnement. La glande thyroïde est un exemple de ces facteurs. Même si elle ne fait pas partie du système digestif, elle affecte la digestion par les hormones qu’elle libère. La thyroïde régule de nombreux aspects de la santé, y compris le métabolisme et la digestion. C’est pourquoi les problèmes thyroïdiens peuvent causer des symptômes gastro-intestinaux.

Comment fonctionne la thyroïde ?

La glande thyroïde a la forme d’un papillon et est située à l’avant du cou, près de la trachée. Elle répond à la libération de la TSH (hormone stimulant la thyroïde) produite par la glande pituitaire. En tant qu’organe endocrinien, la thyroïde sécrète des hormones directement dans le sang, qui les transporte dans tout le corps. Les hormones thyroïdiennes agissent comme un système de messagerie pour réguler diverses fonctions, comme la fréquence cardiaque, la respiration, la température corporelle, le cholestérol, les cycles menstruels chez les femmes, le poids et le métabolisme.

Maladies thyroïdiennes : hyperthyroïdie vs hypothyroïdie

L’hormone thyroïdienne est très polyvalente et importante. La quantité libérée dans le sang est cruciale pour maintenir une santé normale. Les maladies thyroïdiennes se caractérisent par un dysfonctionnement de la thyroïde, les deux types les plus courants étant liés à la production d’hormones thyroïdiennes. Lorsque le corps produit plus d’hormones thyroïdiennes que nécessaire, on parle d’hyperthyroïdie. Lorsque le corps en produit moins, on parle d’hypothyroïdie. Les deux conditions posent des problèmes de santé et causent généralement plusieurs symptômes :

Symptômes de l’hyperthyroïdie

• Sensibilité accrue à la chaleur
• Fréquence cardiaque accrue
• Nervosité ou anxiété
• Tremblements des mains
• Irritabilité
• Fatigue
• Difficulté à dormir
• Faiblesse musculaire
• Perte de poids
• Augmentation de l’appétit
• Changements du cycle menstruel
• Diarrhée
• Goitre (glande thyroïde visiblement agrandie)

Symptômes de l’hypothyroïdie

• Sensibilité accrue au froid
• Fréquence cardiaque réduite
• Fatigue ou faiblesse
• Douleurs articulaires ou musculaires
• Prise de poids
• Peau sèche ou rugueuse
• Constipation
• Dépression
• Menstruations plus abondantes
• Pâleur de la peau

Le problème des dysthyroïdies est que les symptômes sont extrêmement variés du au fait que la thyroïde régule énormément de fonctions biologiques. Beaucoup de personnes attribuent leurs symptômes à d’autres conditions et ne consultent pas un professionnel de santé. En particulier, si vous avez des diarrhées ou des constipations récurrentes, ou tout autre symptôme gastro-intestinal, il peut être bénéfique de consulter un gastro-entérologue.

Prévalence des maladies thyroïdiennes

On estime qu’entre 3 et 10 % des Français souffrent d’hypothyroïdie et qu’entre 1 et 4 % des Français souffrent d’hyperthyroïdie (source: Vidal). Du point de vue de l’approche fonctionnelle, la prévalence des dysthyroïdies est beaucoup plus large car l’approche fonctionnelle se base sur des normes santé, qui sont estimées à partir de l’évidence-based médecine, l’expérience des praticiens et les symptômes des patients, alors que l’approche allopathique (celle de la médecine générale et spécialisée), se base sur des normes laboratoire qui sont en fait des données statistiques.

Les femmes sont beaucoup plus touchées que les hommes. En effet, pour des raisons non entièrement comprises, les femmes sont huit fois plus susceptibles de développer un trouble thyroïdien que les hommes.

Attention également: les troubles thyroïdiens non diagnostiqués augmentent le risque de maladies plus graves comme les maladies cardiaques, l’infertilité et l’ostéoporose.

Il est donc nécessaire d’aborder le patient avec un certain recul, dans sa globalité afin de conclure si ses symptômes peuvent être révélateurs d’une dysthyroïdie ou d’une autre dysfonction.

Comment la thyroïde affecte-t-elle le système digestif ?

Bien que les symptômes des maladies thyroïdiennes varient d’une personne à l’autre, en général, l’hyperthyroïdie tend à causer la diarrhée et l’hypothyroïdie tend à causer la constipation. Cela s’explique par le fait que la quantité d’hormones thyroïdiennes dans le corps impacte directement la vitesse du métabolisme et la motilité intestinale. Normalement, les aliments digérés se déplacent dans le côlon et une quantité suffisante d’eau est absorbée pour que les selles soient solides mais relativement molles et faciles à évacuer.

En cas d’hyperthyroïdie, ce processus est accéléré et les selles se déplacent trop rapidement dans le côlon, avant qu’assez d’eau ne soit absorbée. Cela entraîne des selles molles ou liquides, considérées comme de la diarrhée lorsqu’elles surviennent trois fois ou plus par jour. À l’inverse, en cas d’hypothyroïdie, le processus est ralenti et trop d’eau est absorbée car les selles restent trop longtemps dans le côlon. Cela conduit à des selles dures et sèches, difficiles à évacuer, considérées comme de la constipation lorsqu’une personne a moins de trois selles par semaine.

Traitement allopathiques des problèmes digestifs liés à la thyroïde

L’un des défis des problèmes thyroïdiens est de connaître la cause sous-jacente. Une fois que l’hyperthyroïdie ou l’hypothyroïdie est diagnostiquée, le traitement standard consiste à ramener les niveaux d’hormones thyroïdiennes à la normale. Si le problème est un excès d’hormones thyroïdiennes, des médicaments antithyroïdiens comme le méthimazole et le propylthiouracile peuvent être prescrits. Si le problème est une thyroïde sous-active, des médicaments de remplacement des hormones thyroïdiennes comme la lévothyroxine peuvent être prescrits. Dans les cas graves d’hyperthyroïdie, une intervention chirurgicale (thyroïdectomie) peut être nécessaire, nécessitant un traitement hormonal thyroïdien à vie.

Autres moyens d’améliorer la santé intestinale

Pour certaines personnes, les problèmes thyroïdiens peuvent causer des symptômes gastro-intestinaux et nuire à la santé intestinale. Pour d’autres, l’inverse peut être vrai. La recherche sur le lien entre la thyroïde et le microbiome est en cours, mais voici quelques conseils pour améliorer la santé intestinale qui peuvent aussi avoir un impact positif sur la fonction thyroïdienne :

• Restez hydraté : boire suffisamment d’eau est important pour la santé digestive car cela aide à maintenir une motilité intestinale régulière.
• Mangez des légumes : la teneur en fibres des légumes est très bénéfique pour la digestion et la formation de selles régulières.
• Probiotiques : bien que des recherches supplémentaires soient nécessaires, il existe des preuves que les aliments fermentés probiotiques comme le yaourt et la choucroute ont un effet positif sur les bactéries intestinales.
• Augmentez l’activité physique : l’exercice et le mouvement physique en général sont bons pour la santé globale et digestive.

Envie d’en savoir plus ?

La vérité est que beaucoup de personnes ont des problèmes thyroïdiens sans le savoir.

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